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jeudi 7 novembre 2013

De Gabrielle Cluzel : Frigide Barjot : logement pour tous, sauf pour elle…

Cette fois, c’est fait. Frigide Barjot, égérie de laManif pour tous, est expulsée. Virée avec sa famille de l’appartement dans le XVe qu’elle occupe depuis vingt ans. Avec mansuétude, on lui laisse quatre mois pour faire ses cartons. La RIVP (Régie immobilière de la ville de Paris), détenue à 80 % par la ville de Paris, demandait la résiliation du contrat de location au motif d’un manquement aux exigences du bail : le couple Tellenne ayant, selon elle, domicilié dans ce logement social une activité commerciale. Le tribunal d’instance a donc donné raison à la RIVP. Olivier Chauvin, son avocat, se déclare « totalement satisfait ».
On le comprend, voici au moins une affaire rondement menée. Quelle efficacité. Spécialement remarquable quand on sait que les expulsions de familles de dealers, au grand dam de leurs voisins sous anxiolytique, peuvent, elles, prendre des années … si elles aboutissent. Sans doute parce que ce genre de petit commerce n’est pas « officiellement » domicilié dans le HLM ? Ou parce que les deux jeunes enfants de Frigide Barjot, avec leur polo rose, devaient être proprement terrifiants pour les colocataires quand d’aventure ils les croisaient dans l’escalier.
Et sur le sort de ceux-ci, peu d’apitoiement. Nul ne se demande s’ils sont victimes, comme les familles de dealers, d’une « double peine » : celle d’avoir subi, toute une année, l’opprobre d’une mère traînée dans la boue par les médias, puis celle de supporter, par ricochet, le déracinement d’un déménagement.
Sans doute faut-il raison garder : ces enfants-là ne sont pas non plus des martyrs. Ni leur mère « Marie-Antoinette », comme le soulignait ironiquement le même Olivier Chauvin le jour de l’assignation. Mais l’avocat l’a concédé : la « médiatisation » de Frigide Barjot a poussé la régie à quelques « vérifications » sur ses conditions de logement. Et cet aveu seul a quelque chose de terrifiant.
Voilà donc le nouvel usage. Et ce qui pend donc au nez de tous ceux qui auront l’imprudence de vouloir faire, démocratiquement, entendre leur voix contre ce gouvernement. Et dans ce registre, n’est-ce pas, les méthodes sont multiples : rien de tel, aussi, qu’un bon contrôle fiscal pour vous faire passer l’envie de faire le mariole.
Cela s’appelle la politique du coup tordu, de la vengeance mesquine, du chien que l’on veut noyer dont on dit qu’il a la rage. Et il faut reconnaître que c’est redoutablement efficace.

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